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Maj le 13/10/2022
L'engagement républicain d'Evariste Galois a commencé à la fin de l'été 1830, lorsqu'il a adhéré à la société des Amis du peuple, et ce dernier trimestre de l'année, riche de toutes sortes de manifestations d'opposition au gouvernement de Louis-
Abolition de la peine de mort
L'année d'après, le 15 juin 1831, lors de son premier procès dit du toast des Vendanges de Bourgogne, Évariste clamera, sans que la cour ne lui ait rien demandé, qu'il était : " de ceux qui depuis huit mois ont parcouru plusieurs fois les rues en armes. "
(Le Constitutionnel et La Gazette des tribunaux du 16 juin 1831)
Huit mois ! Évariste avait-
Mais pourquoi des républicains, progressistes par définition, contestaient-
Les protestations produisirent néanmoins leur effet et le gouvernement remballa son projet d'abolition.
Pour Évariste, la rentrée arrivait et c'est paré de sa toute nouvelle adhésion aux Amis du peuple, chaud bouillant de sa première manif qu'il retrouva les bancs de l'École préparatoire et son directeur, M. Guignault, pour peu de temps car son agitation militante conduisit à son exclusion le 9 décembre (suffisamment détaillée dans mon livre pour que je n'y revienne pas).
Alea jacta est
Nous retrouvons donc Évariste, début janvier 1831, après une brève mais brûlante expérience de garde national, indécis quant à son avenir, car son exclusion n'était pas encore validée par le nouveau ministre, Félix Barthe. Elle le sera le 4 janvier, sur proposition du Conseil royal de l'instruction publique, présidé par Victor Cousin, ancien condisciple de M. Guignault.
Évariste avait-
Sentant poindre la sentence et pensant n'avoir plus rien à perdre, Évariste jeta un pavé dans la mare, se lâchant dans une lettre vengeresse qui étrillait l'attribution des postes d'enseignants aussi bien que la manière d'enseigner, le contenu des programmes, l'organisation des examens ainsi que le comportement des examinateurs, griffant au passage, sans le nommer, M. Dinet qui l'avait collé au concours de Polytechnique en 1829.
Le mathématicien Olry Terquem (1782-
Cette lettre Sur l'enseignement des sciences, fut publiée dans la Gazette des écoles le 2 janvier 1831.
Par ce brûlot, Évariste inaugurait une année qui allait être pleine de bruit et de fureur, de drames et de rugueuses désillusions. Au lieu de la voie royale qu'il méritait, c'est vers un chemin de croix que ses emportements le dirigeaient et c'est ainsi que ce fils d'Icare finira par se brûler les ailes.
À la fin de son courrier, alors qu'il vient d'énumérer les obstacles dressés devant les candidats du concours d'entrée à Polytechnique par les examinateurs, Évariste nous donne rendez-
Or, de prochaine lettre, il n'y eut point. Pourquoi se demande-
On peut imaginer que la volonté pugnace de notre ami de régler ses comptes avait été apaisée par la publication de sa lettre ; apaisement très provisoire, que l'arrêté ministériel d'exclusion pris le surlendemain 4 janvier, avait rapidement balayé pour jeter Évariste dans un regain de rumination vengeresse propre à le placer dans les conditions idéales pour ferrailler à nouveau contre cet enseignement des sciences otage des mercantis et des assis.
Une éclaircie de courte durée
Sauf qu'une porte s'est ouverte de manière inattendue, qui laisse penser que le ministre Barthe n'avait pas été insensible aux arguments des soutiens d'Évariste.
C'est Philippe Guillard, rédacteur de la Gazette des écoles, dans sa rétrospective de l'exclusion publiée dans le numéro du 20 janvier, qui nous l'apprend : " On nous assure que M. Barthe, instruit que l'élève Galois était un sujet distingué dans les sciences, a fait venir ce jeune homme et lui a dit qu'il ne perdrait aucun de ses avantages comme élève de l'École normale. "
Une telle garantie, formulée par le ministre, en tête à tête avec l'intéressé, dans son cabinet, avait de quoi requinquer Évariste et l'encourager à mettre sa révolte en sourdine pour l'exhorter à replonger dans son travail avec un enthousiasme rénové.
Il se consacrera alors à son projet d'ouverture d'un cours de mathématiques, qu'il donnera sa première leçon le jeudi 13 janvier chez le libraire Caillot, que Poisson y assistait (hypothèse que j'ai formulée dans mon roman), Poisson qui, après avoir encouragé Évariste à reprendre son mémoire perdu du grand prix de l'Académie des sciences (juin 1830), l'introduisit lui-
Et voilà Évariste à nouveau en piste, face à un horizon dégagé. Tiré d'affaire ? Hélas non, car l'horizon et le ciel dans son entier ne tarderont pas à s'obscurcir bientôt sous l'effervescence qui ébouriffait alors le quartier latin. Les élèves des écoles réclamaient en effet le bénéfice du droit d'association, dont l'autorité ne voulait pas entendre parler, sous le prétexte pas vraiment infondé, que ce droit risquait de fédérer les contestations. Cris scandalisés, heurts et protestations accueillirent cette décision, dont les rumeurs atteignirent Evariste, occupé à ses périples solitaires au cœur des galaxies de l'analyse pure et des abstractions algébriques.
Patatras ! C'est ainsi qu'il retrouva la fournaise contestataire de la rue.
JC
Août 2020