Copyright © 2010 Site officiel de Jacques Cassabois. Tous droits réservés
Site créé par Judith DELVINCOURT et administré par Martine POGNANT
Maj le 03/12/2023
-
Première question ! Je viens d'arriver dans une classe de CM2. Les enfants ont lu Sindbad et, sans perdre un instant, me prouvent que je suis tombé sur un gisement de vrais lecteurs.
-
Je prends alors la classe en mains et j'inverse les rôles. C'est moi qui pose les questions et je reviens au début du conte.
-
Et ça démarre sur les chapeaux de roues. Une forêt de doigts se dresse. Tous veulent parler. Je n'ai pas d'autre ressource que de passer en mode mitraillette. Questions… réponses ici, réponses là.
-
Je respire. Je les regarde en hochant la tête et je souris. Les enfants sourient aussi, contents, visiblement. Ils attendent que je remette la balle en jeu pour la faire circuler, et je poursuis.
-
-
Je note qu'ils reprennent ce mot ancien que j'ai utilisé, avec un air de complicité 2 manifeste. Puis je résume. Dans la vie des deux personnages, un point commun se détache : la pauvreté, et une différence : l'un voyage au loin, affronte des dangers, l'autre ne quitte pas son port d'attache et ne court aucun risque.
Voilà de quoi répondre à la première question sur ces noms, identiques 3 à une lettre près. Une lettre pourvue d'une densité prodigieuse puisqu'elle synthétise deux destins radicalement différents, celui de Sindbad, acteur trépidant de sa vie, et celui d'Hindbad qui attend que la chance le favorise.
À ce point de l'échange, j'ouvre une parenthèse pour signaler la force vibratoire des sons qui composent un nom. Cette vibration renferme une vie, révèle une personnalité, et il arrive que la déformation d'un patronyme, maladroite ou railleuse, constitue, pour ceux qui la subissent, une atteinte mal vécue. Leur nom déformé sonne faux.
Dans les contes ou les mythes, le moindre détail contribue à l'élaboration d'un sens. Ces textes anciens, dont on ignore les auteurs, sont littéralement des émanations du temps, d'une civilisation. Ils foisonnent de symboles qu'il est nécessaire de débusquer et d'interpréter. Ils sont autant d'indices qui, en s'assemblant, nous révèlent une voix non écrite, cohérente, qui fredonne en sourdine une histoire parallèle à celle qui court sur le papier.
Cette parenthèse refermée, l'analyse s'enchaîne ensuite naturellement avec ces élèves qui connaissent leur Sindbad sur le bout du pouce. L'instit 4 a fait un travail d'anthologie. Cet échange est un plaisir et je poursuis en alternant le jeu des questions-
-
Ces trésors représentent la gratification offerte au héros qui a su vaincre les obstacles. Le conte, alors, cesse d'être une fantasmagorie pour devenir une authentique leçon de vie, moulée dans une forme qui lui a fait traverser les siècles.
Leçon de vie ? On peut en dire autant de la plupart des contes, objecterez-
Editions Livre de Poche,
2004
Illustration de
Jean-
Editions Livre de Poche,
1997
Illustration de
Christophe Rouil
Editions Hachette, 1993
Illustrations de Christophe Rouil
Page 1 sur 5
à Soumia Ben Rochd du Maroc,
Geneviève Guenette du Québec,
Orianne Papin, Audrey Daniel, Aurélie Davoust,
Jean-
Illustration de Christophe Rouil, 1ère édition, Livre de poche jeunesse 1993
Cet écho de mon travail formulé par un lecteur inconnu, tout comme les échos des lecteurs qui m'écrivent, loin du cirque médiatico-
Une Baghala de taille modeste pourvue d'un château arrière p. 139
1 -
2 -
3 -