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Maj le 06/11/2022
Après avoir porté et accepté le pire de lui-
Ainsi se déroule l’épreuve du noir, dernière étape de la croissance du héros, qui parachève la préparation de sa nouvelle vie dans le ventre de la terre-
Quelle aventure 6 !
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Dans ce sixième voyage, aucune des péripéties connues. Plus de sauvages, plus de serpents, de Roc, ni de géants. Le navire qui transporte Sindbad est la proie d’un courant irrésistible qui le pousse vers une île sinistre, jonchée d’épaves et de squelettes, où il s’échoue. Aucune possibilité d’évasion, la mer ramenant toujours ceux qui tentent de s’échapper à leur point de départ. Les naufragés, voués à une mort inéluctable, finissent par disparaître les uns après les autres, laissant Sindbad, seul survivant selon la règle narrative, face à une épreuve à sa mesure : une rivière qui disparaît dans la bouche sombre d’une grotte. Est-
Un piège ? Faut-
Sindbad se construit alors un radeau (le bois des épaves en offre à foison), rassemble le reste des vivres abandonnés par les derniers mourants, puis se laisse emporter à l’aveugle par le cours d’eau.
J'ajoute mes dernières réserves de nourriture p. 177
Lorsqu’il retrouve enfin son pays, après un bref séjour aux sources de la vie, porteur de cadeaux offerts par le roi de Serendib au Calife de Bagdad, Sindbad se jure de ne plus jamais reprendre la mer. Mais, au point où il est parvenu après ce sixième voyage, il n’est plus libre de décider. C’est Haroun-
Derrière ce prétexte, le conte dissimule en fait une raison plus profonde. Le Calife est à la fois chef politique et chef religieux, comme l’étaient les rois de France, capables de guérir les écrouelles, qui tenaient leur royaume de par volonté de Dieu.
Haroun-
Lorsque les éléphants sont à portée, je décoche p. 205
ill. Christophe Rouil
« Vous aurez certainement du mal à comprendre, mes seigneurs, qu’après tous les dangers que j’avais affrontés, toutes les catastrophes auxquelles j’avais survécu, j’aie décidé de repartir pour la sixième fois. »
(Sindbad le marin, JC, p. 163)
« Le nombre 7 (sheva en hébreu, mot bien proche du nom du dieu Hindou Shiva !) est symbole de changement de cycle, de mort pour une résurrection. »
Annick de Souzenelle – Le symbolisme du corps humain p. 246
« Vous êtes trop près du but pour renoncer. Six voyages ! On ne peut s’arrêter à six ! Cela ne forme pas un nombre heureux. Il faut permettre au sept de s’accomplir. Le sept, qui parachève toute transformation. Le sept, qui referme le cercle d’or de l’évolution. Si près de la perfection, Sindbad, vous ne pouvez baisser les bras ! Repartez ! insiste-
(op. cit. p.198)
Et Sindbad obéit.
Il reprend la mer et, son ambassade terminée, rentre enfin chez lui. Sauf que le conte veille et poursuit son implacable logique pédagogique. Car pour l’instant, Sindbad n’a encore rien appris qu’il ne savait déjà, et c’est sur le chemin du retour, d’ordinaire toujours sans surprises, que l’épreuve se dresse. Des pirates attaquent le navire, capturent Sindbad et le vendent sur le marché aux esclaves.
Voici le héros au pied de sa septième face nord !
En l’escaladant, il se confronte au pire que peut affronter un homme épris de liberté : la soumission, la totale dépossession de soi, l’inféodation à un maître. L’esclave est un sous-
Sindbad poursuit son initiation en devenant, contre son gré, chasseur d’éléphants. Il tue, il massacre, il extermine, comme William Cody, dit Buffalo Bill 7 l’a fait avec les bisons… De ces animaux majestueux, on ne prélevait que la langue ; les éléphants, eux, étaient chassés pour leurs dents !
Tous les grands héros ont dû passer par ce goulet, ce chas d’aiguille qui donne accès au « Royaume ». Héraclès, avant Sindbad, avait subi cette âpre leçon, lui, dont la totalité des Travaux était placée sous le signe de l’obéissance 8 à la volonté de son père, Zeus ; obéissance qui a éprouvé tous les aspirants à la sagesse.
Sindbad fait merveille et cette chasse à l’éléphant se poursuit jusqu’à la confrontation majeure, où les rôles sont soudain inversés. Le chassé tient le chasseur à sa merci et provoque une grande prise de conscience !
Cet épisode est écrit et l’objet de l’étude présente n’est pas de le raconter. Je citerai simplement les mots de conclusion prononcés par Sindbad pour Hindbad.
« Le haut de la colline est évidé et forme une cuvette abritée par les crêtes. Je pénètre dans ce vallon et le découvre encombré de carcasses d’éléphants. Des milliers de carcasses de bêtes venues mourir ici depuis des siècles. Un gisement d’ivoire ! Le grand mâle m’a conduit ici, délibérément. Pourquoi ? Il lui était si facile de se venger du mal que j’avais commis ! Savait-
— Saurais-
(op. cit. p. 212)
Après l’absolue soumission de l’esclave, Sindbad avait encore à connaître l’expérience du pardon. Elle lui est administrée, rien d’étonnant, par l’éléphant qui, dans les traditions de l’Inde et du Thibet, est réputé porter l’univers sur son échine.
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