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Maj le 13/10/2022
Mais qui était présent à la cérémonie ? Difficile de le savoir. Plagniol et Pinel, les orateurs, puisque désignés par La Tribune. Mais qui d'autre ?
Alfred ? Le petit frère malheureux qui a recueilli les dernières volontés du mourant : " Non, pas de prêtre, pas de prêtre ! " et qui mettra tout son cœur, toute son énergie à faire valoir, avec l'aide d'Auguste Chevalier, l'œuvre de son aîné tant admiré, œuvre qu'il s'évertua, une fois publiée en 1846, à faire connaître aux savants allemands Gauss et Jacobi, comme l'avait demandé Évariste dans sa lettre-
Et la douce Nathalie, soucieuse de son Évariste, qui lui rendait visite à Sainte-
Et Auguste Chevalier, a-
Et Raspail, qui avait prodigué à Évariste son intérêt affectueux, lorsqu'ils étaient codétenus ? Absent lui aussi ? Oui, pour cause d'incarcération. Le 23 février dernier, en effet, il avait dû rejoindre Pélago pour y purger sa peine de quinze mois, infligée pour ses propos insultants à la personne de Louis-
Ces quatorze millions représentaient le montant de sa “liste civile” que Louis-
Raspail ne mâchait pas ses mots. Il n'a cessé de dénoncer l'injustice sociale, poursuivant ses travaux que ses incarcérations n'interrompaient pas et soignant les indigents quand il était en liberté, comme le docteur Ulysse Trélat, tous deux surnommés les Médecins des pauvres. Emprisonné la moitié de sa vie, il écopa encore de deux ans de prison à l'âge de 77 ans ! Jamais il n'a renoncé. Jamais il ne s'est tu et ses paroles vibrent encore d'un écho qui nous stupéfie par son actualité à l'heure de l'Europe des escamoteurs et des technocrates :
« Peuple souverain, hâte-
Delaunay, destinataire d'une des dernières lettres d'Évariste, n'était pas là non plus. À l'hôpital, il soignait le coup d'épée reçu au cours des bagarres du 1er juin, rue Saint-
On aimerait qu'un ancien maître de Louis-
Et Philippe Guillard ? Le rédacteur-
Non, il n'y avait aucune raison pour que Guillard se déplace aux obsèques, en plein nid de frelons républicains. Il n'évoqua pas davantage les recherches d'Évariste lorsqu'il créa, en 1836, une feuille éphémère, Le Géomètre, consacrée aux mathématiques.
On pourrait longtemps s'adonner à ce jeu de supputations pour imaginer qui était présent, qui était absent, se scandaliser de tel lâchage, dénoncer tel retournement de veste, sans aucune certitude. Ce qui est patent en revanche, c'est qu'aucun des camarades de combat politique d'Évariste ne s'est manifesté ouvertement plus tard pour dire : " Voici l'assassin ! C'est un des nôtres !" La plupart savait, inévitablement ; a toujours su. Le nom a dû circuler, se chuchotant de bouche à oreille, avec précaution, comme un secret de conspirateur qui est resté scellé grâce à un mauvais silence complice qu'on qualifiait alors d'honneur patriotique ! Un honneur qui justifie toutes les lâchetés, tous les mensonges, protège l'intérêt des coteries, les pouvoirs communautaires, les castes et les partis. Surtout ne rien dire. Cela nuirait à la cause, ferait le jeu de nos adversaires. Silence !
Tous ces champions de liberté et de moralité politique ont préféré claquer la porte au nez de la vérité ! Aux dernières nouvelles, ces habitudes de bassesse, de mystification idéologique et de calcul politique n'ont fait que croître et embellir, pour se changer en déni institutionnel et permanent de démocratie. En deux siècles, elles ont connu une croissance exponentielle.
Seul, Dumas a parlé, certes plus de 20 ans après les faits, parole de mousquetaire (tome 8 de ses Mémoires, p. 161), dans sa relation du banquet des Vendanges de Bourgogne :
Mais que vaut la parole de Dumas, grand diseur, grand faiseur, " Tartarin Dumas ", comme le surnomme Jean-
Je laisse à chacun le plaisir de découvrir la démarche d'Olivier Courcelle, grâce à ce lien.
Aussitôt mort, Évariste, aussitôt oublié. Ton génie réclamait encore quelques années de décantation dans le silence et l'obscurité pour secouer la poussière de tes sandales, accumulée sur tes chemins de tumulte, avant d'éclore et d'apparaître enfin dans sa pleine majesté.
Jacques Cassabois
septembre 2019
2 Les 19 accusés avaient été acquittés le 15 avril 1831(le procès avait débuté le 6), par le jury de la cour d’assises qui s’était laissé emberlificoté par les arguments des avocats de la défense et des accusés eux-
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